Sud Ouest - Ikastolas : « Les fonds publics, c'est nous »

Publié le par Abertzaleen Batasuna

Ikastolas : « Les fonds publics, c'est nous »

Ils étaient entre 2 300 et 3 000, hier, pour défendre les ikastolas.

Les manifestants sont venus de tout le Pays basque malgré la pluie et le froid.
Les manifestants sont venus de tout le Pays basque malgré la pluie et le froid. (PHOTO Jean-DANIEL CHOPIN)

L'appel de la fédération des ikastolas, Seaska, largement relayé toute la semaine dernière, a été entendu. Hier, à Hendaye, malgré la pluie et le froid, ils étaient 3 000 selon les organisateurs, 2 300 selon les services de police, à défiler pour protester contre la menace qu'ils sentent peser sur leurs écoles.

Face à l'intention affichée de la mairie d'Hendaye d'investir 2,2 millions d'euros dans la construction d'une nouvelle ikastola, le sous-préfet de Bayonne, Patrick Dallennes, s'était fendu d'un courrier au maire, Jean-Baptiste Sallaberry. Dans la missive qui a mis le feu aux poudres, un rappel à la loi Falloux et à l'interdiction de construire sur des fonds publics municipaux un bâtiment destiné à accueillir une école privée.

De tous bords

De quoi inquiéter au-delà des frontières hendayaises, car les projets à venir de rénovation et de construction, financés tout ou partie par des fonds publics, concernent une trentaine d'ikastolas au Pays basque, où 3 000 élèves apprennent le basque en immersion. De quoi émouvoir également les Béarnais, défenseurs de l'enseignement de l'occitan dans les calandretas, dont les drapeaux flottaient aussi hier au-dessus du long cortège.

En tête du défilé, les membres du Conseil municipal d'Hendaye, encadrés de nombreux élus de toutes tendances politiques issus de diverses communes, ont mené la marche de la gare jusqu'aux marches de la mairie. Derrière eux, dans la foule, sous les parapluies et les capuches, on trouvait des personnes de tous âges, des parents d'élèves tenant par la main leurs marmots ou poussant des poussettes.

À l'image de Maia, maman d'une fillette de 4 ans qui vient d'entrer à l'ikastola et d'un petit garçon de 2 ans qui y fera bientôt ses premiers pas scolaires. « Je suis là d'une part parce que je ne voudrais pas que l'histoire d'Hendaye crée un précédent ailleurs et parce que je veux que les enfants de l'ikastola d'Hendaye soient scolarisés dans des locaux corrects et non pas dans des bâtiments préfabriqués comme c'est le cas pour 70 d'entre eux aujourd'hui. »

« Une catastrophe »

Plus loin, Claire n'a plus qu'un enfant sur trois en âge d'être scolarisé. Mais les deux aînés ont fait toute leur scolarité en basque. « Le système par immersion de Seaska est le seul moyen de devenir réellement bilingue. Si les municipalités ne peuvent plus soutenir les ikastolas, c'est une catastrophe. D'ailleurs, nous, on ne demande que ça, que les ikastolas soient publiques. » À ses côtés, son amie Edurne, professeur d'espagnol, renchérit : « Les fonds publics, c'est nous, les citoyens, qui les mettons, il ne faut pas l'oublier. »

Odei Barroso, talent reconnu du bertsu, ces joutes improvisées en basque, est là, parmi les manifestants. Sa mère, bascophone, a appris la langue sur le tard. Son père ne la parle pas. Sans le système immersif de l'ikastola, il estime qu'il ne maîtriserait pas aussi bien l'euskara. « Impossible », insiste-t-il. Autant dire que, pour lui, « ce qui se passe est très grave pour notre langue. Sans argent public, c'est son avenir qui est en jeu. »

Place de la Mairie, avant la dispersion finale, Jean-Baptiste Sallaberry prend le micro. Il dit son impression de « revenir vingt ans en arrière » avec cette injonction de la sous-préfecture. Il enjoint les militants de la langue à « rester groupés » pour convaincre « l'État de bouger une loi du XIXe siècle, imaginée à la base pour les écoles confessionnelles ».

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Publié dans Berriak - Infos

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