JPB - Traité européen : les parlementaires (presque) unis, le PS attaqué sur sa gauche

Publié le par Abertzaleen Batasuna

Traité européen : les parlementaires (presque) unis, le PS attaqué sur sa gauche
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28/09/2012

Antton ROUGET

“Ceux qui veulent réveiller le débat du oui et du non de 2005, c’est d’arrière-garde.” A la veille du vote au Parlement du Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance de la zone euro (TSCG), la députée socialiste Colette Capdevielle prévient : les gens qui s’opposent au texte “se trompent de combat”.

Pourtant, alors que (presque) tous les parlementaires du Pays Basque promettent de voter en faveur de la ratification du TSCG, tous les partis politiques à la gauche du PS se lancent à l’assaut d’un texte qui, considèrent-ils, “impose l’austérité comme seule politique possible en Europe”.

“Nouvelle stratégie de croissance”, “régulation financière”, “renforcement de la solidarité entre les Etats” : pour Colette Capdevielle, qui votera “des deux mains” en faveur du traité le 9 octobre à l’Assemblée nationale, le texte est une “réorientation européenne historique”. “Je dis oui, oui et oui”, explique-t-elle, “sans contrainte de discipline de parti”, à l’heure “où l’Europe menace de s’effondrer”, “où la crise et les populismes se développent”. Pas d’hésitation non plus pour sa collègue dans le groupe Socialiste, républicain et citoyen (SRC), Sylviane Alaux, qui parle d’un traité “absolument nécessaire”. Déjà dans le camp du oui au référendum de 2005, la députée de la sixième circonscription “entend les critiques et les exigences légitimes”, mais explique que “sur fond de crise, la donne a changé”.

“Le TSCG impose une discipline budgétaire nécessaire au bon fonctionnement de l’Europe.” Le sénateur Jean-Jacques Lasserre (MoDem) soutiendra également le texte lors de son examen au Sénat le 20 octobre : “Il ne va pas tout régler, mais c’est indispensable.”

Dans une tribune “L’Europe, défi de notre génération”, publiée dans le quotidien Libération le 20 septembre, la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac appelle, sans détour, les parlementaires “à prendre [leurs] responsabilités” : “Ne pas ratifier le traité menacerait les avancées obtenues depuis l’élection de François Hollande.”

Tous voteront donc pour le TSCG ; tous les parlementaires du Pays Basque… sauf Jean Lassalle. “Si personne ne s’y colle”, ironise le député centriste habitué aux contre-pieds, “on avance, mais on ne sait pas où on va”. S’il avoue ne pas avoir encore pris de “position définitive”, il se tourne vers un vote contre le texte : “On ne demande plus rien au peuple, ça me gêne beaucoup. On ne fait plus aucun effort : les élites continuent à creuser le fossé.” Et puis, s’inquiète le député : “Il y a comme une fuite en avant, personne ne sait plus trop où l’on va en Europe.”

Une position unique qui pourrait recevoir le soutien de la gauche du PS. Car, d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au NPA, en passant par les composantes du Front de gauche ou les abertzale, l’ensemble des partis au Pays Basque affiche son unité contre le traité. Et promet de se faire entendre avant sa ratification.

Un traité “Sarkozy-Merkel”

“On s’éloigne d’une Europe fédérale.” A l’image du secrétaire départemental, Daniel Hegoburu, ou de la conseillère municipale boucalaise, Marie-Ange Thébaud, “80 % à 90 %” des militants d’EELV au Pays Basque sont opposés au traité. “Les obligations budgétaires ne sont pas tenables pour les Etats et il n’y a pas de réel pouvoir pour le Parlement.” M. Hegoburu a voté contre la ratification au conseil fédéral du parti.

Jean Lissar, le porte-parole d’EELV – contre Maastricht, mais dans le camp du oui en 2005 –, hésite encore : “Je ne suis ni pour ni contre ; c’est la question du verre à moitié vide ou à moitié plein.”

“Nous n’acceptons pas qu’un traité impose aux peuples une politique de fracture sociale” : pour le PCF côte basque-sud des Landes, le TSCG, c’est le “traité Sarkozy-Merkel” et “les parlementaires et le président de la République qui s’étaient engagés à le renégocier” doivent “respecter le mandat qu’ils ont reçu du peuple”. Idem pour le Parti de gauche, son partenaire du Front de gauche, qui explique, par la voix de Patricia Leuenberger, qu’il va envoyer un courrier à Colette Capdevielle.

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) appelle, lui, à refuser les “mesures d’austérité Ayrault-Hollande” et à “organiser une riposte d’ensemble pour refuser de payer la crise du système capitaliste”.

Abertzaleen Batasuna (AB), Batasuna, Eusko Alkartasuna : du côté des abertzale de gauche, l’heure est aussi à l’opposition commune à la ratification du texte. “Ce pacte est une absurdité économique qui va aggraver les politiques néolibérales”, s’indigne AB, pendant que Batasuna dénonce un “traité de plus qui renforce l’Europe de la finance contre les peuples”.

Alors que tous les partis à la gauche du PS appellent à la mobilisation (cf. encadré), Jean-Claude Soudre, militant bayonnais du Parti de gauche, prévient : “Le débat sur le traité va laisser des traces ; à gauche, les choses vont se clarifier.”

 

Plusieurs mobilisations contre le traité

A l’heure où tous les partis politiques à la gauche du Parti socialiste sont opposés au Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), plusieurs manifestations sont organisés au Pays Basque.

AB, Batasuna, le Parti de gauche, EELV, Attac, LAB, la CGT Education, la FSU 64, Bizi! : plus d’une dizaine d’organisations a apporté son soutien au rassemblement convoqué samedi à 11 heures sur le pont Saint-Jacques à Hendaye par le Collectif pour un audit citoyen de la dette. Plusieurs syndicats du Pays Basque Sud devraient également se joindre à la mobilisation.

Le collectif organise également, vendredi 5 octobre à 18h30 à la Maison pour tous d’Anglet, une conférence sur “les effets néfastes programmés du traité budgétaire”.

Le PCF côte basque-sud des Landes appelle, lui, à protester contre le TSCG ce soir, vendredi, à 18 heures, devant la mairie de Bayonne. Le parti prévoit également un départ de Bayonne dimanche, pour rejoindre, en train, la manifestation contre le traité organisée à Paris à 13h30.

 

www.lejpb.com

Publié dans Berriak - Infos

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